Comprendre la doctrine d’emploi des chars avec le
M10 tank destroyer
Le chasseur de chars M10 Tank Destroyer, également connu sous le nom de M10 Wolverine, était un véhicule spécial pour la Seconde Guerre mondiale pour plusieurs raisons. Conçu en 1942, il représentait une nouvelle approche dans la lutte antichar. Il incarnait la théorie américaine selon laquelle des véhicules dédiés à la chasse aux chars étaient nécessaires, plutôt que de compter uniquement sur les chars d’appui comme le Sherman pour affronter les blindés adverses.
Pourquoi le Tank Destroyer M10 est meilleur que le M4 Sherman ?
Le M10 Wolverine présentait plusieurs avantages par rapport au char Sherman, bien qu’il ne soit pas nécessairement “meilleur” dans tous les aspects. Le M10 se distinguait du Sherman par sa conception spécialisée dans la chasse aux chars. Équipé d’un canon de 76,2 mm plus puissant et plus mobile, il offrait une meilleure capacité antichar grâce à sa légèreté et une visibilité supérieure. Sa tourelle ouverte et son châssis adaptable lui permettaient d’être plus agile et polyvalent, notamment avec des versions améliorées comme l’Achilles britannique.
Caractéristiques du Tank Destroyer M10
Le Tank Destroyer M10 Wolverine possédait six caractéristiques structurelles distinctives :
Tourelle ouverte
Le M10 avait une tourelle pentagonale sans toit, offrant une meilleure visibilité mais rendant l’équipage vulnérable.
Canon puissant
Il était équipé d’un canon M7 de 76,2 mm, plus performant que celui du Sherman standard.
Blindage incliné
Les côtés de la tourelle étaient inclinés de 15 degrés vers l’intérieur, compensant partiellement la faible épaisseur du blindage.
Châssis de Sherman
Le M10 tank destroyer utilisait le train de roulement et le châssis du char Sherman, assurant une bonne mobilité.
Contrepoids arrière
Un contrepoids était ajouté à l’arrière de la tourelle pour équilibrer le poids du canon.
Blindage léger
Son blindage variait de 9,5 mm à 57 mm d’épaisseur, privilégiant la mobilité au détriment de la protection.
Comment est née l’idée du M10 Wolverine Tank ?
L’idée du tank destroyer M10 est née de la nécessité perçue par l’armée américaine de créer un véhicule spécialisé dans la lutte antichar, suite à la défaite de l’armée française en 1940. Les théoriciens militaires américains distinguaient deux catégories de véhicules blindés : les chars d’appui à l’infanterie et les chasseurs de chars, destinés spécifiquement à affronter les blindés ennemis.
Initialement, l’armée américaine envisagea plusieurs options, dont des canons tractés et des automoteurs. Elle expérimenta d’abord avec un canon de 37 mm monté sur une Jeep, puis sur un châssis Dodge 4×4 (le WC 55 Gun Motor Carriage M6). Cependant, ces solutions présentaient des limitations en termes de mobilité et de puissance de feu.
Finalement, en septembre 1942, les ingénieurs militaires américains sélectionnèrent un prototype qui devint le M10 Destroyer. Ce véhicule était basé sur le châssis du char Sherman, offrant ainsi un bon compromis entre mobilité et puissance de feu. Le M10 était équipé d’un canon M7 de 76,2 mm, plus performant que celui du Sherman standard, tout en conservant une excellente mobilité grâce à son blindage léger
Cette approche reflétait la doctrine américaine de l’époque, qui privilégiait la quantité et la mobilité sur le blindage lourd, dans le but de prendre l’initiative lors des engagements contre les chars ennemis.
Les défis des ingénieurs pour la conceptions du M10 tank destroyers
Le développement du chasseur de chars M10 a confronté les ingénieurs américains à plusieurs défis techniques complexes.
Au cœur de ces difficultés se trouvait la nécessité de concilier une puissance de feu accrue avec une mobilité optimale, tout en maintenant un équilibre délicat entre protection et efficacité opérationnelle. La conception innovante de la tourelle ouverte, bien qu’offrant une meilleure visibilité, soulevait des questions de vulnérabilité de l’équipage. L’intégration du puissant canon M7 de 76,2 mm exigeait des adaptations significatives du châssis Sherman existant. Les ingénieurs ont dû faire preuve d’ingéniosité pour optimiser le blindage, en utilisant des angles d’inclinaison stratégiques pour compenser sa relative minceur.
L’équilibrage de la tourelle, rendu nécessaire par l’ajout du canon plus lourd, ajoutait une couche de complexité à la conception. Ces défis reflétaient la volonté de créer un véhicule spécialisé, capable de surpasser les chars d’appui standard dans la lutte antichar, tout en respectant les contraintes de production et de déploiement rapide imposées par le contexte de la Seconde Guerre mondiale.
L’équipage du chasseur de char TD M10
Le chasseur de chars M10 Destroyer était opéré par un équipage de 5 membres, chacun ayant des responsabilités spécifiques.
Chef de char : Il dirigeait l’équipage, prenait les décisions tactiques et coordonnait les actions du véhicule avec les autres unités.
Pilote : Responsable de la conduite du véhicule, il assurait sa mobilité sur le champ de bataille.
Copilote/mitrailleur : Il assistait le pilote et opérait la mitrailleuse Browning M2 de 12,7 mm en configuration antiaérienne1.
Opérateur radio/chargeur : Il gérait les communications et assistait au chargement du canon principal.
Tireur : Il était chargé de viser et de tirer avec le canon M7 de 76,2 mm, l’arme principale du M101.
Les chars comparables au M10 Tank Destroyer
Les autres nations ayant pris part à la seconde guerre mondiale ont aussi adopté le principe de chasseur de char dédié. En voici quelques exemples.
Jagdpanzer 38(t)
Surnommé Hetzer, c’était un chasseur de chars léger comparable au M107. Cependant, le Jagdpanther V était probablement l’équivalent le plus proche en termes de puissance et de rôle tactique. Équipé d’un puissant canon de 88 mm, il était considéré comme l’un des chasseurs de chars allemands les plus performants de la guerre
SU-85
Et plus tard le SU-100 remplissaient des rôles similaires au M10 dans l’Armée rouge. Le SU-85, introduit en 1943, était une adaptation du char T-34 avec un canon en casemate2. Il était principalement utilisé comme un véhicule d’appui-feu direct, suivant de près les unités de chars et d’infanterie. Sa conception à casemate fixe limitait sa flexibilité mais offrait un profil bas, idéal pour l’embuscade.
Semovente da 90/53
Le Semovente da 90/53 était un canon automoteur antichar italien de la Seconde Guerre mondiale. Basé sur le châssis du char moyen M14/41, il était équipé d’un puissant canon antiaérien Ansaldo 90/53 Mod 39 de 90 mm, capable de percer les blindages des chars alliés les plus résistants de l’époque. Produit en seulement 30 exemplaires en 1942-1943, ce véhicule se distinguait par sa grande puissance de feu mais souffrait d’une faible capacité en munitions et d’un blindage léger.
Ho-Ri
Le Ho-Ri, bien que jamais produit en série, était un projet de chasseur de chars japonais conçu pour remplir un rôle similaire au M10. Basé sur le châssis du char moyen Chi-Ri, il s’agissait d’un canon automoteur à casemate fixe, conçu pour offrir une puissance de feu supérieure et un blindage robuste. Le modèle principal, le Ho-Ri I, était équipé d’un canon de 105 mm ou 120 mm (selon les sources) monté à l’arrière du véhicule. Il combinait une bonne puissance de feu avec un blindage frontal solide, bien que ses flancs et son arrière soient plus vulnérables.
Différences entre M10 Wolverine et Tank Destroyer Achilles ?
Le M10 Wolverine et l’Achilles étaient deux variantes du même chasseur de chars, mais présentaient des différences notables, principalement en termes d’armement et d’efficacité antichar.
Le M10 Wolverine, conçu par les États-Unis, était équipé d’un canon de 76,2 mm, efficace contre les chars moyens comme le Panzer IV mais insuffisant face aux blindages plus lourds des Tigres ou Panthers allemands. Il se distinguait par sa tourelle ouverte, son blindage incliné pour une meilleure protection relative, et sa mobilité grâce à son châssis basé sur le Sherman. Le Wolverine était utilisé principalement pour des missions de soutien antichar et d’appui-feu.
L’Achilles, une version britannique du M10, se différenciait par son armement principal : un canon Ordnance Quick-Firing de 17 livres, bien plus puissant que celui du Wolverine. Ce canon permettait à l’Achilles de pénétrer les blindages des chars allemands les plus lourds à longue distance. Les Britanniques ont également renforcé le blindage et ajouté un frein de bouche distinctif au canon pour améliorer sa précision. Ces modifications ont fait de l’Achilles un chasseur de chars bien plus redoutable sur le champ de bataille.
Voir le M10 Tak Destroyer dans un musée
Le M10 Wolverine peut être vu dans plusieurs musées à travers le monde. Voici quelques-uns des principaux lieux où ce chasseur de chars est exposé.
Musée Mémorial de la Bataille de Normandie.
Ce musée présente un M10 dans le cadre de son exposition sur la Seconde Guerre mondiale et le Débarquement.
Musée des blindés de Fort Knox
Un M10 y est exposé parmi d’autres véhicules blindés historiques.
Normandy Victory Museum
Ce musée, dédié à l’histoire du Débarquement et des opérations en Normandie, abrite également un M10 Wolverine.
Musée Overlord
Ce musée présente divers matériels militaires de la Seconde Guerre mondiale, y compris un M10.